Les stylos
Les stylos étaient correctement disposés sur la table, parfaitement alignés et parallèles à ses bords. Or, contrairement aux autres contrôles, pendant lesquels mes stylos étaient toujours dans cet ordre parfait, et la chaise de gauche toujours vide,
tu es venue.
Ma stupeur fut terrible : les stylos avaient bougé ! Non par ton appui sur la chaise, mais par ta main négligente et dédaigneuse. Tu avais brisé les préparatifs immuables et sacrés du contrôle. Mes yeux furent plus qu'étonnés : une haine démesurée assombrit leur lumière. Mais lorsque mon regard, dédaignant les calculs tant aimés, se posa sur ton épaule, un trouble inaccoutumé m’envahit.
Pour la toute première fois, je dirais terrible fois, ma copie resta vierge. Je sus alors qu’à côté de moi, j’avais, non pas un simple comparse sans importance, mais quelqu’un que je pourrais aimer bien davantage que tout le reste. Une personne qui serait la plus aimée de mon esprit, de mon âme. Rien ne pouvait faire se détacher mes yeux de ton visage, pas même mon pauvre cerveau qui déplorait la faillite du fameux, enfin je veux dire du misérable contrôle.
C'était la première fois. La première fois que j'aimais, la première fois que j'échouais... 0, j'eus, 0 ! Mais peu m'importait. Tout ce qui comptait, c'était toi.
Seul l'Amour est si absolu...